La jeunesse khmère de la diaspora, fière de son héritage : rencontre avec Steven François Lim

Aujourd’hui, nous donnons la parole à Steven François Lim, 19 ans, photographe passionné et membre actif de l’équipe Sabay. Né au Cambodge et arrivé en France en 2019, il partage avec nous son parcours, sa vision de la culture khmère et son message à la jeunesse franco-asiatique.

Photo : Steven François Lim - Model : Daravid

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Steven, j’ai 19 ans et je suis photographe à temps partiel.
Je suis né au Cambodge et arrivé en France en 2019. À mon arrivée, j’ai dû tout réapprendre : la langue, la vie ici, les relations, ma place dans la société.
J’ai aussi remarqué que beaucoup de jeunes d’origine cambodgienne n’étaient pas fiers de leurs racines, ou ne connaissaient pas vraiment leur culture. Ça m’a marqué, et j’ai voulu que ça change.

Steven François Lim

En 2022, j’ai participé pour la première fois au Sabay Festival. C’était une révélation : voir autant de Cambodgiens réunis, célébrant ensemble à travers la danse, la nourriture et les jeux, c’était quelque chose d’unique.

Sabay Festival 2024, 3e édition - Photo : Mookmook

J’ai immédiatement voulu rejoindre cette aventure. Depuis, je fais partie de l’équipe Sabay, convaincu que ce genre d’événement peut inspirer toute une génération.

Pourquoi avoir voulu faire ce shooting ? Quelle était l’idée derrière ?

Un jour, j’ai retrouvé par hasard ma caméra dans ma chambre, je pensais l’avoir laissée au Cambodge.
En la reprenant, j’ai ressenti une émotion très forte, comme une passion qui renaissait.
J’ai tout de suite appelé mon ami Daravid et je lui ai proposé de faire un shooting sur le thème de l’héritage khmer. Il a accepté sans hésiter.

Pour la séance, j’ai apporté des maillots du Cambodge acheté sur Maillotducambodge.fr by Evaan Market, un maillot de Bokator offert par mon père, et des accessoires symboliques : un krama, des riels...

Ce shooting, c’était plus qu’un projet photo. C’était un retour à mes origines, une façon de renouer avec la passion que mon père m’a transmise quand j’avais 7 ans — celle de photographier la beauté du Cambodge : les temples, les rizières, les cascades, les montagnes.

Comment vis-tu la situation actuelle du Cambodge, notamment avec le conflit récent ?

Quand j’ai appris que le Cambodge était en conflit avec la Thaïlande, j’étais bouleversé.
Pendant près de deux semaines, je ne dormais presque pas : je suivais les nouvelles jusqu’à l’aube, j’écrivais des scripts pour sensibiliser sur les réseaux… Je savais que je devais agir, à ma manière.

Le Cambodge a déjà trop souffert : famines, déplacements, massacres, génocide. Voir de nouvelles tensions, ça fait mal. Mais malgré tout, j’ai vu un peuple soudé, uni, résilient et généreux, toujours en quête de paix. Je crois profondément que le Cambodge mérite la paix et la prospérité.

Je suis aussi très reconnaissant envers Dara Thong, Sarah Ouch et Rémy Chheang, d’avoir été présents sur le terrain à ce moment-là.

Dara Thong, Sarah Ouch et Rémy Chheang en mission humanitaire - Photo : Alaya Creation

Le destin a bien fait les choses : Dara avec son équipe étaient là-bas, la seule personne parmi nous capable d’agir concrètement, avec son expérience, ses contacts et son cœur.
Il nous a représentés avec dignité, et je suis fier de travailler à ses côtés pour le Sabay Festival et l’Asian Street Food Festival. Pour moi, c’est un grand frère, quelqu’un que je respecte profondément.

Si tu devais donner un conseil ou un mot aux jeunes pour soutenir le Cambodge, ce serait quoi ?

Je dirais aux jeunes asiatiques de France d’être fiers de leurs origines.
D’oser porter leurs couleurs, de dire d’où ils viennent, et de faire vivre leurs traditions.
C’est essentiel de se souvenir de nos racines et de l’histoire de nos parents. Le Cambodge, comme tout petit pays, aspire à la paix et à la prospérité. Et la paix, c’est ce que notre peuple mérite plus que tout.

Sabay Festival 2024, 3e édition - Photo : Mookmook

Aux jeunes Khmers de France, je veux dire : soyez fiers de vous, mettez la lumière sur notre magnifique pays, et surtout… écoutez vos parents.

Une jeunesse consciente, fière et engagée : c’est ce que Steven incarne.

À travers ses images et ses mots, il nous rappelle qu’aimer sa culture, c’est déjà une forme d’engagement.

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